Notre-Dame de Paris sera finalement reconstruite à l’identique !
Après des mois de débats sur les projets autour de la reconstruction de la célèbre cathédrale, monument littéraire de Victor Hugo et théâtre d’un sinistre incendie ayant ravagé sa flèche, tombée dans les flammes et les nuages de fumée du 15 et 16 avril 2019, Emmanuel Macron a finalement tranché ce jeudi 9 juillet pour une reconstruction « à l’identique ».
Elle perdait de sa superbe dans la danse inarrêtable de flammes rouges et jaunes en avril 2019. Il manque depuis à la cathédrale Notre-Dame de Paris sa fameuse flèche construite par Eugène Viollet-le-Duc. La question se posait alors : faut-il profiter des dégâts pour rendre le monument du XIVème siècle plus moderne ?
Après des mois de débats, Roselyne Bachelot, nouvelle ministre de la Culture, interrogée sur France Inter le jeudi 9 juillet concernant ses nouvelles fonctions, déclarait : « Un large consensus se dégage dans l'opinion publique et (chez) les décideurs - puisqu'à la fin, ce sera, je pense, le président de la République qui va trancher - pour la reconstruction à l'identique ». Ce même jour se réunissait la Commission nationale du patrimoine et de l’architecture (CNPA), dont le but était de discuter de cette rénovation. Emmanuel Macron a finalement tranché, en fin de soirée, concernant ce débat qui durait depuis plus d’un an : Notre-Dame de Paris sera reconstruire à l’identique. Les professionnels chargés de reconstruire la charpente, le toit et la flèche, devront donc rester au plus proche des plans initiaux.
Une décision de « sagesse »
Éric Wirth, vice-président du CNOA (l’ordre des Architectes), se dit « plus que satisfait » de la décision finale d’Emmanuel Macron : « C’est ce que nous préconisions, et là où nous sommes contents, c’est que la sagesse a parlé ». Le CNOA demandait en effet au gouvernement de faire confiance aux experts, une décision favorable à l’Ordre des architectes et à la préservation du patrimoine que le vice-président salue : « Là où nous sommes très contents aussi, c’est qu’il est question d’une maison du chantier sur le parvis, c’est ce que nous revendiquions ». Au contraire de l’ambition d’une reconstruction en 5 ans, Éric Wirth se dit favorable à un retard : « avec les Jeux Olympiques 2024, toutes les caméras du monde seront braquées sur Paris, et je préfère que les caméras soit fixées sur le savoir-faire des compagnons, des artisans, des tailleurs de pierres, des charpentiers pour attirer également les jeunes vers ces métiers du bâtiment ».
En revanche, le vice-président de l’Ordre des Architectes n’est pas contre l’innovation dans les matériaux utilisés. Réutiliser les mêmes matériaux consignés dans les documents de construction représente selon lui « un réel souci » : « c’est ce que l’on a vu avec l’incendie de Notre-Dame et ses conséquences avec une couverture en plomb qui brûle, on ne souhaite pas un nouvel incendie ». En connaissance de cause, il préconise d’utiliser des matériaux faciles à mettre en oeuvre et reproduisant l’esthétique de la cathédrale.
Philippe Villeneuve, architecte en charge des monuments historiques et de Notre-Dame, qui a toujours plaidé en faveur d’une restauration à l’identique, a pourtant proposé une reconstruction au plus proche du modèle d’antan avec l’utilisation d’une charpente en bois similaire à celle d’origine surnommée « la forêt » et d’une flèche recouverte de plomb, un matériau qui permettrait de retrouver « les couleurs et les nuances » de la flèche, mais qui est aussi à l’origine de la contamination post-incendie.
Et pourquoi pas un mix entre l’historique et le contemporain ?
Dès la diffusion d’images impressionnantes de l’incendie, plusieurs architectes, designers, professionnels du secteur venus de partout dans le monde ont proposé différents plans de restauration, comme la création d’un jardin suspendu, d’une flèche en verre, ou diffusant un faisceau lumineux dans le ciel… Puis, au-delà d’un débat sur la création d’un nouveau toit divergeant de la construction originale, une discussion sur les matériaux s’est ensuite posée, notamment entre le bois et l’acier.
Une modernité qui ne devait pas être envisagée selon Éric Wirth : « à l’époque on m’avait dit : " au Louvre, vous voyez bien ce qui a été fait ", et j’avais répondu que nous n’étions pas du tout dans le même cadre. Dans le cas du musée du Louvre, nous sommes dans un site historique dans lequel on insère un ouvrage contemporain, là on a un édifice qui a subit un traumatisme et qui a été dévasté par un incendie et qu’il faut reconstruire. Si nous n’avions pas les photos, les relevés, les plans de ce qui a été fait précédemment, effectivement il faudrait innover et inventer et c’est exactement ce que dit la Charte de Venise. À partir du moment où l’on a les documents et les plans nécessaires pour reconstruire à l’identique, la bonne règle c’est de le faire ».
Petit à petit, la cathédrale devrait retrouver sa splendeur d’autrefois, le démontage difficile de l’échafaudage déformé par l’incendie devrait par ailleurs se terminer bientôt, « au plus tard fin septembre » selon le général Jean-Louis Georgelin, le président de l’Etablissement public chargé de la construction et de la restauration de Notre-Dame de Paris.
Source texte et photo : batiweb