Le projet de logements sociaux construit en impression 3D se concrétise
Le vendredi 5 avril 2019, le bailleur social Plurial Novilia, filiale d'ActionLogement, a déposé le permis de construire de son projet Viliaprint, qui allie murs en béton imprimés en 3D et éléments préfabriqués pour la construction de cinq logements sociaux à Reims (Marne).
A l'occasion du dépôt du permis de construire du projet Viliaprint, visant à construire cinq logements sociaux dont les murs en béton seraient imprimés en 3D, le bailleur social Plurial Novilia a organisé l'impression d'un mur prototype dans les locaux de la société X-Tree, en présence de tous les acteurs du projet. C'est dans l'écoquartier Rema'vert, à Reims, que l'Entreprise sociale pour l'habitat (ESH) installera sa résidence. Jérôme Florentin, directeur de la maîtrise d'ouvrage du bailleur, précise que l'ensemble des logements seront de plain-pied. "Il y aura un T3 d'environ 70 m², trois T4 de 80 m² et un T5 de plus de 100 m², tous seront loués", ajoute-il.
Une réflexion sur les isolants biosourcés.
"Nous voulons développer des modes de construction. Ce projet nous permet d'apporter un nouveau modèle économique et technique", explique le directeur de la maîtrise d'ouvrage de Plurial Novilia. Les murs en mortier seront imprimés soit dans les locaux de X-Tree, entreprise spécialisée dans la technologie d'impression en trois dimensions, à Rungis (Val-de-Marne), soit sur un site de production à Reims, pouvant accueillir le robot. "Il a été question de faire venir le robot sur le chantier mais les contraintes auraient fait exploser les prix de construction", précise Jérôme Florentin. "En atelier, on travaille en environnement maîtrisé. Les réactions du produit peuvent varier selon les conditions atmosphériques du chantier. De plus, il n'est pas simple d'apporter un robot sur un chantier. C'est pour ça que le secteur se dirige vers de la préfabrication", explique Alain Guillen, co-fondateur de X-Tree. Pour les parties techniques, comme les cuisines et les salles de bain, des modules préfabriqués en bois CLT seront raccordés aux logements.
L'alliage entre ces blocs de bois et le mortier très haute performance, qui se transforme dans la tête d'impression du robot, fourni par le cimentier français Vicat, a pour objectif d'augmenter les performances de la résidence. Les murs auront une épaisseur d'environ 25 cm, et les parois de 4 cm. Particularité, ils seront en grande partie creux, permettant de réduire de 40 % à 70 % le volume de béton employé et laissant la part belle à une isolation thermique répartie. Les réflexions sont toujours en cours à ce sujet. "L'implantation de la résidence dans un écoquartier nous fait nous diriger vers des isolants biosourcés. On pense notamment au chanvre", explique Jérôme Florentin. Du côté du cimentier, la possibilité d'intégrer leur propre mousse isolante dans les murs est à l'étude. Sur Viliaprint, "cela donnerait un mur 100 % minéral et recyclable sans avoir de tri à faire", précise David Terrasse, ingénieur d'affaires solutions constructives chez Vicat. Autre élément, la préfabrication réduit les délais et la pénibilité du chantier, assuré par les équipes de Demathieu Bard et de Soprema. "On table sur dix mois de chantier qui démarreront au début de l'année 2020", indique Plurial Novilia. Au 4 avril 2018, le projet sort de huit mois de prototypage et débute sa phase d'appréciation technique d'expérimentation, en vu d'être certifié par le Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB).
Une "sur-qualité" architecturales
D'un point de vue architectural, l'impression 3D "laisse une totale liberté des formes", explique Emmanuel Coste, de l'agence Coste Architectures. "Nous avons des objectifs de sur-qualité architecturales. Les outils de conception numérique nous ont permis d'intégrer des formes arrondies ou elliptiques", précise l'architecte. A ce jour, l'une des grandes problématiques de la construction en impression 3D est le coût : "Il y a quatre ans, au début du projet, nous étions sur un montant de construction de 4.000 €/m², nous sommes descendus à 2.500 €/m² et nous voulons atteindre la barre des 2.000 € pour le début du chantier. Par la suite nous souhaitons que le coût standard de cette technologie situe entre 1.500 et 2.000 €/m²", explique Jérôme Florentin. S'il n'est encore qu'au stade de projet, Viliaprint a déjà séduit des acteurs du secteur. Il a notamment reçu le trophée de l'innovation de la région Grand-est et été lauréat de l'appel à projets "Architecture de la Transformation 2018", organisé par la Caisse des Dépôts et l'Union sociale pour l'habitat.
Source : batiactu 05/04/2019