LA BERGAMOTE DE NANCY
La bergamote de Nancy est un bonbon légèrement acidulé, carré, plat, translucide et de couleur dorée, parfumé à l’huile essentielle de bergamote, dont les confiseurs de Nancy en Lorraine ont fait leur spécialité dès le XIXe siècle.
L’origine historique de la Bergamote de Nancy est incertaine.
En Lorraine, on connaissait le fruit grâce à René II de Lorraine qui était également roi de Sicile, île dont le climat est particulièrement propice à la croissance des bergamotiers. Durant tout le Moyen Âge, les bergamotes étaient acheminées d’Italie par les pèlerins qui se rendaient à la Basilique de Saint-Nicolas-de-Port, près de Nancy.
Le Sieur Joseph Gilliers, chef d’office et distillateur de Stanislas Leszczynski au château de Lunéville, cite en 1751 dans son ouvrage « Le cannaméliste français », une pastille faite avec de l’essence de bergamotes « pour donner le goût », et dont le duc de Lorraine aurait été très friand1.
En 1845, Jean-Frédéric Godefroy Lillich, un confiseur originaire du Wurtemberg, ouvre une boutique de pâtisserie-confiserie au 31, rue du Pont-Mouja à Nancy. En 1850 sur l’idée d’un ami parfumeur, Lillich marie l’essence de bergamote au sucre cuit et donne au bonbon sa forme carrée. Naturalisé français en 1873, Jean-Frédéric Godefroy Lillich francise son nom en Lillig2.
Au milieu du XIXe siècle, nombreux furent les confiseurs nancéiens à s’approprier cette sucrerie, à l’instar des maisons Lefèvre et Lalonde, qui ont toujours pignon sur rue à Nancy. En 1879, Jean-Frédéric Godefroy Lillig vend son commerce à Jules Dussaulx3, frère de Charles-Joseph Dusaulx – un des inventeurs du moteur à explosion – qui est confiseur 19, rue du Pont-Mouja et conseiller municipal de Nancy. Celui-ci le cède à son tour à Albert Lalonde en 19014.
C’est lors de l’Exposition Internationale de Nancy de 1909 que la Bergamote de Nancy acquiert ses lettres de noblesse et une notoriété internationale. La Bergamote de Nancy, qui existe depuis plus d’un siècle et demi est un bonbon dont la diffusion est restée locale. On ne la trouve facilement qu’à Nancy ou en Lorraine.
Ce sont essentiellement les touristes de passage à Nancy qui ont diffusé l’emblématique boîte métallique richement décorée, et ont ainsi fait connaître cette spécialité hors de la région. Dans le film Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain (2001), une vieille boîte de Bergamotes de Nancy contenant les souvenirs d’enfance d’un petit garçon, que l’héroïne découvre fortuitement derrière une plinthe, est un clin d’œil aux années d’études nancéiennes de Jean-Pierre Jeunet.